Faut-il s’adapter à l’humeur de notre temps et changer ? Depuis que Novembre a montré son nez, tout, dans nos grandes surfaces chante Noël, des rayons jouets à ceux des chocolats en passant par ceux des vêtements. C’est pourquoi je me demande s’il ne serait pas bon que j’échange ma vieille robe pastorale un peu fatiguée contre une tenue de Père Noël et que je quitte le confort suranné du temple pour celui de la place publique, d’ailleurs le rouge me va mieux que le noir !
Il est temps d’annoncer que le petit Jésus de la crèche, c’est certainement mignon, attendrissant même mais notoirement trompeur et insuffisant ! J’avoue me sentir atteint du syndrome de Jean-Baptiste et désireux de crier, comme lui : « Il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas. ». Ces paroles fortes, nous devons les entendre, car elles nous interpellent, et ce sont d’abord ceux qui ne fréquentent jamais nos assemblées, ou si rarement, à l’occasion de leur mariage, ou lors d’un autre événement de leur vie, qui doivent écouter ces paroles ! Mais, ce sont aussi tous ces frères et soeurs en humanité qui doivent entendre ces paroles fortes. Et de même, les croyants doivent écouter cette parole. Car ce n’est pas naturel de croire que Jésus est le Christ, que Jésus est le Fils de Dieu, c’est proprement surnaturel de déclarer cela ! Il ne suffit pas d’être né dans une famille qui croit, qui confesse le Christ, pour pouvoir dire cela. Il faut tout simplement être né de nouveau. Il faut cette rencontre personnelle, irremplaçable qui crée l’amour et la foi. On n’aime pas, et de même, on ne croit pas par délégation.
Sur la pochette d’un DVD de chants de Noël, intitulé : De Noël à Pâques, les auteurs ont repris avec justesse cette déclaration de M. LUTHER : « Il ne servirait à rien que Jésus soit né dix mille fois dans la crèche, s’il ne naît pas aujourd’hui dans ton cœur ». Oui, il faut cette rencontre pour que le Christ naisse dans notre vie, il faut connaître, dans le sens si commenté de naître avec !
En outre, une fois cette rencontre faite, il est bon de se souvenir que la foi est, et doit être, humilité. Elle consiste, par exemple, à s’avouer : « Je ne connais le Christ que trop peu, que trop mal, que de manière parcellaire, incomplète, voire erronée. et aussitôt que nous avons déclaré cela, nous devons ajouter : « aussi, c’est pourquoi je désire mieux le connaître ». Nous sommes trop souvent habités d’une certaine suffisance sur le plan de la foi, une suffisance qui nous conduit à croire que, Jésus, c’est une belle histoire, mais une vieille histoire, que nous connaissons suffisamment bien, au point de ne plus avoir besoin de découvrir ce que la Bible en dit ! C’est ainsi, notamment, que nous ne percevons pas toujours l’intérêt des études bibliques qui permettent d’approfondir, de compléter nos minces connaissances, de rencontrer le Christ.
Je sais que je pousse un peu – c’est dans mon caractère – mais néanmoins j’ai l’impression que l’on croit, un peu trop souvent, connaître le Christ au point de ne plus se laisser interpeller par Lui, par l’Évangile dans sa fraîcheur première, au point de faire du Christ, de sa Parole, de Dieu. notre chose et de les enfermer dans des traditions, dans le saint des saints de nos temples, de nos églises, au lieu de nous inviter à animer en son nom une communauté fraternelle, généreusement ouverte sur le monde, sur l’aventure humaine, sur les menaces qui pèsent sur elle, comme sur ses espoirs. De grâce, si nous connaissions mieux le Christ, je suis sûr alors que nous ne l’enfermerions pas dans des rites, parfois un peu vieillots, dans un formalisme desséchant, dans des cultes qui, parfois, sont d’une tristesse. Je suis sûr alors que nous serions porteurs de son message auprès de tous ceux qui le méconnaissent ou l’ignorent.
Je formule le vœu, en ces temps de Noël, et c’est même ma prière que dans l’année qui vient, nous ayons à cœur de redécouvrir le Christ, de lire la Bible, de l’étudier. et surtout d’en vivre ! Appliquant ainsi la formule chère à Tommy FALLOT : « la Bible ne dit rien à qui ne se soucie pas de la mettre en pratique ».
Yvon THOMAS